
La Cour suprême américaine, en révoquant le droit à l'avortement a décidé de ne plus garantir un droit qui était jusqu'à présent protégé par l'arrêt Roe v. Wade de 1973.Quoi de plus inquiétant !
En effet, Elle restreint le droit des femmes à disposer librement de leur corps et fait ainsi mains basses sur la liberté des femmes à prendre des décisions par rapport à leur santé et à leur vie. Quel recul inimaginable de la part de la plus ancienne démocratie au monde ! Ce qui est curieux, c’est que cette décision des Etats-Unis intervient au moment où des pays du tiers monde tel que le Bénin réalise des progrès en matière de la législation.
De toute façon, interdire l’interruption volontaire de grossesse ne fera pas qu’il y en aura moins. Au contraire, cela conduira à plus d’avortements clandestins, donc à risque. C’est dire que l’on ne pourrait réduire la demande en avortement en l’interdisant.
Au Bénin, par exemple, 200 femmes décèdent en silence chaque année des suites d’avortements non sécurisés, d’après une source gouvernementale.
C’est pour tenter d’arrêter la saignée que la loi N° 2021-12 modifiant et complétant la loi 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin, en son article 17 nouveau, autorise le recours à l’interruption volontaire de grossesse dans des conditions exceptionnelles notamment quand la grossesse met en danger la vie et la santé de la femme enceinte, lorsque la grossesse est la conséquence d'un viol ou d'une relation incestueuse, lorsque l'enfant à naître est atteint d'une affection d'une particulière gravité. L’interruption volontaire de grossesse peut être aussi autorisée lorsque « la grossesse est susceptible d'aggraver ou d'occasionner une situation de détresse matérielle, éducationnelle, professionnelle ou morale incompatible avec l’intérêt de la femme et/ou de l’enfant à naître. »
Point n’est besoin de rappeler que l’ABPF, Association Membre de l’IPPF, a fortement travaillé et a fait un énorme plaidoyer dans ce sens.
La crainte de cette décision de la Cour Suprême américaine est qu’elle encourage de nombreux pays à remettre en cause les lois existant déjà et qui protègent les droits des femmes.
Il est temps de se mobiliser et d’agir pour plus de respect des engagements vis-à-vis des droits humains en général et des droits des femmes, en particulier.
Christian AGBOZO